______________-L'avis de Gabrielle- __________
Hello tout le monde !
Je vous retrouve aujourd’hui pour une chronique très
particulière, puisqu’il s’agit de la première chronique d’une pièce de théâtre
sur le blog ! Je suis en effet amatrice de théâtre, intérêt que j’ai
développé tout d’abord au lycée où je jouais dans une troupe de théâtre
amateur, puis en prépa littéraire où j’ai eu l’occasion, pendant 2 ans, d’aller
voir plusieurs fois des pièces aux théâtres de Lille, Villeneuve d’Ascq, Douai,
Valencienne et Paris ! Cette année, étudiante à Lille, je me suis lancée
et je me suis pris un abonnement au Théâtre du Nord, et j’irai donc y voir 5
pièces durant la saison 2017/2018, dont voici la première : France-Fantôme, écrit et mis en scène
par Tiphaine Raffier, lors de la représentation du jeudi 5 octobre 2017.
Je tiens à préciser de suite que je suis seulement amatrice,
et non spécialiste : je ne fais pas d’études de théâtre, et même si je m’y
connais un peu pour avoir lu pas mal de pièces et en avoir vu quelques-unes, je
suis loin de me sentir légitime à vous parler de théâtre… Je le fais avant tout
parce que l’envie m’en a pris, parce que cela me permet aussi, entre autre, de
garder une trace des pièces que je vais voir (ce qui me manquait vraiment), et
parce que j’ai le petit espoir de découvrir parmi vous d’autres amateurs de
théâtre avec qui je pourrai partager mon intérêt ! Bref, si vous voulez
davantage de renseignements plus « professionnels » sur cette pièce,
les thèmes qui y sont abordés, la réflexion qu’on peut en tirer, je vous invite
à jeter un œil à la page qui y est consacrée sur le site du Théâtre du Nord
(vous y trouverez, en bas de page, des articles de presse très intéressants !).
Bon, cette longue introduction étant enfin finie, passons au
vif du sujet : ce que j’ai pensé de cette pièce !
Tout d’abord, je l’ai trouvé extrêmement riche ! Elle
aborde beaucoup de thèmes, et les aborde vraiment bien je trouve :
- Bien entendu l’influence possible du progrès de la
technologie et de la science sur notre société,
- Mais aussi le capitalisme, puisqu’il existe dans cette
société imaginaire un véritable commerce du souvenir, un marché de la résurrection…
- La religion (des mouvements religieux avec les cérémonies
du « Born again », de la résurrection)
- La question très actuelle des préjugés sur l’Autre (la
communauté des Rappelés étant rejetée), qui m’a beaucoup fait penser à la série
In the Flesh, en passant !
- Le rôle du regard des autres sur notre identité (l’identité
des Rappelés, dont les souvenirs sont téléchargés dans un autre corps, et qui
subissent le regard des autres, qui influencent leur manière de se percevoir)
- Le devoir très contemporain d’avoir une vie intéressante
(puisque plus nos souvenirs sont intéressants, plus ils valent chers)
- Le racisme (rapidement abordé lors de la scène de la
conférence, où il est sous-entendu que les corps de couleur ont plus de mal à s’adapter à une nouvelle vie)
- Le fonctionnement du souvenir (toute l’histoire de
Véronique en fait, qui tente à tout prix de se souvenir du visage de son mari,
qu’on lui a effacé de la mémoire)
- La relation d’un peuple à son passé (l’iconographie des
visages est interdite sous prétexte qu’elle provoquerait d’une part de la
violence, et d’autre part un sentiment d’affection envers les êtres défunts,
qui empêcherait la société de la résurrection de bien fonctionner)
Bref, beaucoup de sujets de réflexion, peut-être trop même (au
point que j’en ai certainement oubliés !)… J’aurais aimé qu’il y en ait
moins, de façon à ce qu’on soit davantage attentifs, qu’on puisse mieux y
réfléchir... Heureusement, l’intrigue fixe (Véronique tente de faire ressusciter
son mari, puis est obsédée à l’idée de récupérer le souvenir de son ancien
visage) nous permet de suivre sans être perdus.
Cependant, quelques détails m’ont un peu échappés… Je n’ai
pas très bien compris cette histoire de l’image dans la caméra différente de
celle du miroir… Pour vous resituer : les images de visages sont
interdites, donc les appareils photos et caméras sont programmés pour brouiller
automatiquement tous les visages, mais à un moment donné un des protagonistes
tombe sur une caméra qui ne brouille pas son visage, il est complétement
fasciné par son image dans la caméra et précise qu’il pouvait bien sûr voir son
visage dans un miroir, mais que là c’était différent. Mais voilà : je ne
comprends pas en quoi cela est différent… Peut-être est-ce juste symbolique de
pouvoir enregistrer une image, mais dans ce cas pourquoi donc crie-t-il lors de
la première vision de son visage, et pourquoi la peur puis l’émerveillement en l’examinant ?
A mon avis il y a là un problème de cohérence technique : il fallait
combiner le fait que les images de visages soient interdites, mais qu’en même
temps dans la vie réelle on peut voir le visage de quelqu’un…
Et cela pose aussi un autre problème de cohérence: Véronique
se fait effacer le souvenir du visage de son mari, puis elle cherche à
retrouver ce souvenir : pourquoi ne pas tout simplement demander à une
connaissance de son mari (parce qu’ils n’ont pas pu laver le cerveau de tous
les gens que son mari connaissait) ?
Bref, je pense qu’en voulant combiner autant de thématiques,
Tiphaine Raffier n’a pas pu éviter les incohérences internes… Pour la même
raison, j’ai du mal à comprendre le message final… Peut-être qu’il n’y en a pas…
M’enfin, à titre personnel, je préfère les œuvres franchement engagées qui font
passer un message clair xD
Concernant la mise en scène plus particulièrement : je
n’ai rien à dire concernant les décors… Ils ne m’ont pas paru plus pertinents
que cela pour cette pièce… Sauf peut-être pour le rôle de l’écran suspendu,
dont l’utilisation était toujours intéressante !
Par contre pour la luminosité, je n’ai pas tellement aimé
cette ambiance constamment tamisée… J’imagine que c’était pour créer une
ambiance justement assez sombre, mais à mon humble avis ce n’était pas très
réussi, visuellement ça n’était pas très beau… Mais au contraire sur d’autres scènes
(celle du voyage à la Réunion par exemple), l’ambiance sombre était très bien
réussie ! Ce qui me fait dire que concernant les autres scènes, cette
lumière tamisée n’était peut-être pas un vrai choix de mise en scène…
Mais bien sûr il y a aussi des points positifs : la
musique est utilisée très pertinemment, les acteurs sont bons (Edith Merieau,
dans le rôle de Véronique, était incroyable dans ses monologues !), et le
thème de l’eau est très poétiquement représenté !
Bilan de tout cela : j’ai l’impression de m’être
beaucoup attardée sur les points dérangeants, mais en réalité j’ai bien aimé
cette pièce ! J’ai trouvé l’histoire originale et riche, j’aurais aimé
pouvoir aller la revoir pour pouvoir en avoir une vision plus claire, et donc
approfondir davantage les réflexions qu’elle propose. Toutefois les
incohérences, ainsi que les quelques défauts de mise en scène, font qu’elle n’est
pas non plus une pièce exceptionelle…
(Petite parenthèse avant la fin : je ne sais pas trop
comment noter les pièces de théâtre, puisque c’est là la première que je dois
noter… Il se peut que je revienne dessus par la suite, si mon jugement évolue ! :p)
7/10
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