Hello tout le monde !
Nouvelle chronique théâtre aujourd’hui : je suis allée
voir Syndrome U à la Rose des Vents à
Villeneuve d’Ascq (bon ok à Lille quoi xD) ! Comme je vous l’avais dit, je
me suis pris un abonnement à l’année et celle-ci était la 2ème pièce
sur les 5 prévues. En plus j’ai eu la chance de rencontrer les comédiens et le
metteur en scène à la fin de la représentation puisqu’une rencontre était
prévue pour pouvoir leur poser des questions : c’était vraiment cool parce
qu’ils ont pu vraiment nous éclairer sur les significations de la pièce, leurs
inspirations, la mise en scène… Je pense que j’aurais moins apprécié la pièce
sans ces lumières !
Je vous remets le même petit speech que dans ma première
chronique :p :
Je tiens à préciser de suite que je suis seulement amatrice,
et non spécialiste : je ne fais pas d’études de théâtre, et même si je m’y
connais un peu pour avoir lu pas mal de pièces et en avoir vu quelques-unes, je
suis loin de me sentir légitime à vous parler de théâtre… Je le fais avant tout
parce que l’envie m’en a pris, parce que cela me permet aussi, entre autre, de
garder une trace des pièces que je vais voir (ce qui me manquait vraiment), et
parce que j’ai le petit espoir de découvrir parmi vous d’autres amateurs de
théâtre avec qui je pourrai partager mon intérêt ! Bref, si vous voulez
davantage de renseignements plus « professionnels » sur cette pièce, les thèmes
qui y sont abordés, la réflexion qu’on peut en tirer, je vous invite à jeter un
œil à la page qui y
est consacrée sur le site du Théâtre du Nord (vous y trouverez, en bas de
page, des articles de presse très intéressants !).
Bon, entrons dans le vif du sujet ! Malgré ce côté
assez angoissant, oppressant, dystopique, cette pièce est vraiment très drôle !
Il y a tout un côté assez décalé, qui passe par certaines répliques ou bien des
mimiques des comédiens, qui permet de ne pas sortir complétement déprimés mais
de passer un bon moment !
Mais l’important reste les thématiques abordées : cette
pièce a une dimension politique très pertinemment abordée, et soulève de
nombreuses questions telles que « Qu’est-ce que l’altérité ? », « Qu’est-ce
que la norme ? », « Comment décide-t-on de faire société ensemble ? ».
Il y a un côté assez aristotélicien (ouais j’utilise des mots comme « aristotélicien »,
j’suis comme ça moi xD) avec toute cette réflexion entre le tout et les parties :
sommes-nous seulement la somme de nos opinons, ou bien le tout est-il plus que
ça ? Sommes-nous seulement un rouage dans un tout, ou bien avons-nous une
singularité qui ne fait pas partie de ce tout ? Des questions qui me
semblent urgentes de nos jours, où la démocratie indirecte est totalement
acceptée et jamais remise en question (le pouvoir à la majorité, plus aucune place
laissée aux singularités/minorités)…
Cette dimension très actuelle de la pièce est également
visible avec le thème du suicide : dans cet univers dystopique, les gens
qui se suicident sont remis sur pieds par des greffes d’organes et une reconnexion
à la Masse, et hop c’est reparti ! Ça nous semble totalement inhumain,
mais finalement n’est-ce pas déjà un peu le cas aujourd’hui ? On remet les
gens sur pieds après un suicide sans vraiment s’intéresser au plan
psychologique, sans vraiment questionner le « pourquoi », sans
remettre en question ce système qui les a poussés au suicide… On peut même
élargir ça aux situations dans les entreprises : on propose des siestes au
travail, des pauses café, des comités d’entreprises qui proposent des sorties
sous prétexte de bien-être… Mais en réalité, cela n’est fait que dans le but d’augmenter
la productivité des employés, de rentabiliser le temps humain quitte à devoir
investir (perdre un peu de leur temps en les faisant faire une sieste, pour en
gagner après)… Et c’est aussi un excellent moyen de les faire arrêter de se
plaindre vu qu’on leur donne l’impression de leur accorder déjà beaucoup !
Bref, Syndrome U nous invite à questionner le système même
si tout semble parfait, à briser la bulle. Cette pièce n’est qu’une mise en
exergue d’un système qui finalement existe déjà, mais de manière non-officielle :
La Masse, c’est un peu cette petite voix dans notre tête, et le regard des
autres intériorisé, qui nous pousse à vouloir à tout prix rester dans la norme…
C’est également très intéressant sur le plan psychologique :
ce titre, « syndrome U », revoie au « syndrome utopie » en
psychologie, qui réside dans l’idée qu’il existerait un monde utopique, des
solutions miracles, mais cette idée se heurte à la réalité des faits qui rend
impossible la réalisation de cette utopie… Cette sensation d’être le seul à se
révolter contre le monde entier et qu’on ne pourra rien changer tout seul, que
le système entier ne va pas et qu’il faudrait tout changer et que c’est
impossible… Ça m’a donné envie de creuser davantage ce sujet !
Concernant la mise en scène : il y a une grande
utilisation du numérique (parties filmées, etc), mais c’est justifé (parce que
j’ai impression que de nos jours c’est un passage obligé au théâtre d’utiliser
le numérique, de briser le 4ème mur, de mettre un nu sur scène, même
si c’est pas justifié du tout… Mais là non ça va !). Mais c’était parfois mal
utilisé : la projection mal cadrée sur l’écran, les acteurs qui passent
devant… et ça gâche un peu tout…
Mais il y a eu une très bonne utilisation des jeux de
transparence avec l’écran, pour montrer un endroit qui semble à la fois clos et
ouvert (en cela, c’était vraiment une chance d’être restée à la fin pour la
rencontre, car on a eu le droit à une démonstration de la régie) !
Et enfin concernant les acteurs, je les ai trouvés supers !
Ils avaient carrément la voix et le ton du personnage qu’ils incarnaient !
Et les mimiques étaient excellentes xD
Bref une pièce très cool, mais j’ai impression qu’ils
auraient pu aller encore plus loin… Il manque un petit je-ne-sais-quoi pour que
ça soit plus percutant… C’est peut-être dû à une question de budget, comme l’a
expliqué Julien Guyomard. En tout cas il s’agit d’un auteur/metteur en scène
très intéressant, j’espère pouvoir voir d’autres de ses pièces à l’occasion !
8.5/10
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