vendredi 14 décembre 2018

Chronique film: Vipère au poing


Hello tout le monde !
Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler d’un film de mon enfance, Vipère au poing, que j’ai dû regarder des dizaines de fois et que je connais quasiment par cœur… Il est même devenu une sorte de « film doudou » (oui c’est très bizarre vu l’histoire xD), et c’est d’ailleurs après une journée particulièrement éprouvante que j’ai décidé de revoir ce film pour un moment nostalgie (alerte psychopathe xD) ! Je ne l’avais pas visionné depuis un bon moment, et ça a été l’occasion pour moi d’avoir un peu plus de recul et de remarquer certains détails qui jusqu’ici m’échappaient, d’où cette chronique !

Pour ceux qui ne connaissent pas du tout ce film, il s’agit de l’adaptation du roman du même nom d’Hervé Bazin, qui est un roman autobiographique. C’est donc une histoire qui parle du passage de l’enfance à l’âge adulte, du rapport aux parents, de l’éducation… Et souvent, la première interprétation qu’on en a est assez manichéenne : tout le monde est gentil sauf la mère, Paule (Folcoche), qui est un monstre. Mais en y regardant de plus près, on voit que l’histoire est quand même plus subtile et nuancée…

Cette fois-ci j’ai vu Paule sous un autre jour. Ses pratiques « tyranniques » sont souvent ponctuées de petites phrases qu’on oublie souvent : « Pas de beurre pour les enfants, c’est mauvais pour la santé » ; « Pas de poêle dans leur chambre par mesure de sécurité »… Et mine de rien, vu comment les enfants en question sont chahuteurs, je veux finalement bien le croire que c’est pas forcément une bonne idée de mettre un poêle dans leur chambre. Notons aussi que Paule répète inlassablement, quand on lui fait le reproche d’être trop sévère, « C’est tellement injuste »… J’ai mis du temps à comprendre cette phrase, avant de faire le lien avec l’éducation qu’a reçue Paule et qui nous est décrite à la fin du film : complétement délaissée par ses parents qui ne l’ont jamais éduquée, elle pense réellement faire de son mieux en se montrant présente dans celle de ses propres enfants, et ne comprend pas pourquoi elle est détestée alors qu’elle « s’occupe » d’eux. En réalité, Paule est vraiment persuadée d’être une bonne mère, et c’est ça qui fait tout l’intérêt du film ! Ajoutons à cela son côté très humain finalement : loin de tous les personnages stoïques que l’on voit toujours dans les films, Paule est sanguine, elle réagit, elle éprouve. Elle ne digère pas son mariage arrangé, elle en veut à Jean qui lui fait tout voir… Ça en fait un personnage très intéressant, de ce point de vue !

Et il en est de même pour Jean, qui est loin d’être aussi angélique qu’il n’y paraît. J’ai longtemps eu du mal à comprendre cette phrase du film, de Paule à Jean : « Tu me détestes, mais pourtant de tous mes enfants, il n’y en a pas un qui me ressemble plus que toi ». Je me suis longtemps demandé pourquoi, et je pense comprendre maintenant : Jean déteste sa mère parce qu’il se reconnaît en elle et que ça lui fait peur, parce qu’il la comprend et qu’il réagirait pareil à sa place, et ça le terrifie, car il est constamment renvoyé à sa propre nature. Et Jean est en réalité infernal dans le film : vengeur, aux pulsions meurtrières, manipulateur, et clairement casse-pied aussi… Vraiment un sale gosse, si on veut être honnête xD
Mais le pire personnage du film n’est à mon sens ni Paule, ni Jean, mais Jacques, le père : il est niais, il ne dit pas grand-chose, on le voit peu… Et c’est là tout le problème : il ne s’implique absolument pas dans l’éducation de ses enfants, il délaisse sa femme pour ses expériences sur les mouches, il est dans la complète négation de ce qui le dérange (sa femme qui le trompe, ses enfants qui se font battre, ses caisses qui se vident car en bon petit bourgeois il refuse de travailler…). Là où Paule se démène pour faire ce qui lui semble bon et juste, là où les enfants réagissent à leur tour, le père reste impassible, et c’est assez effrayant.

Outre les personnages très bien travaillés, ce film aborde de nombreux aspects politiques très intéressants : les mariages arrangés, les problèmes de la haute bourgeoisie qui en début de siècle se retrouve confrontée à la modernité, l’apparition des nouveaux riches méprisés par la noblesse, l’éducation des enfants qui évolue… Je ne m’y attarderais pas car je n’ai pas les connaissances historiques suffisantes, mais ça ajoute une profondeur très appréciable au film :)

Bref je pense revoir ce film encore une paire de fois et je vous invite à le regarder également ; je pense d’ailleurs lire aussi les romans originels de Bazin, donc vous aurez certainement bientôt de nouvelles chroniques ! :p

Mais je tiens à terminer sur cette phrase du roman, qui explique le titre du livre/film assez intriguant :
 « Cette vipère, ma vipère, dûment étranglée, mais surtout renaissante, je la brandis encore et je la brandirai toujours, quel que soit le nom qu'il te plaise de lui donner : haine, politique du pire, désespoir ou goût du malheur ! Cette vipère, ta vipère, je la brandis, je la secoue, je m'avance dans la vie avec ce trophée, effarouchant mon public, faisant le vide autour de moi. Merci ma mère ! Je suis celui qui marche, une vipère au poing. »

10/10
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1 commentaire:

  1. Je n'ai jamais vu ce film mais ce que tu dis donne vraiment envie de le découvrir :)

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