Un très grand merci aux éditions Actes Sud et à Babelio qui
m’ont permis de découvrir ce roman grâce à une masse critique. J’avais vraiment
hâte de découvrir l’histoire de la famille McCloud mais j’étais loin d’imaginer
à quel point ce livre me marquerait.
➤ Un drame à l’origine
de tout
La tornade a pris bien plus qu’un père et un toit à la
famille Mc Cloud. Darlène, l’aînée, a dû renoncer à ses études et à ses rêves
pour élever ses frères et sœurs. Jugée par les habitants de cette petite ville
pour avoir répondu aux journalistes contre de l’argent, elle est presque
traitée comme une paria, même plusieurs années après le drame. C’est ce qui va
déclencher la fureur de son frère Tucker et son départ de la maison.
Les filles vivent désormais dans une caravane avec une seule
chambre et font beaucoup de sacrifices pour manger, et essayer d’entrevoir un
avenir avec le seul salaire de Darlene. Même si l’histoire se concentre beaucoup
sur Darlene, Tucker et Cora la benjamine, et un peu moins sur Jane la cadette,
chaque personnage est particulièrement marquant. Ils ont tous vécu une épreuve
traumatisante qui a changé le cours de leur vie et ils ont tous une manière
bien à eux de l’encaisser et d’avancer. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils
ne laisseront pas le lecteur insensible, surtout si certains ont vécu des catastrophes
similaires.
➤ Un combat à visée
écologique
Ce que le résumé ne mentionne pas mais qui me semble
important de dire, c’est que Tucker va venir bouleverser encore plus la vie de
ses sœurs en revenant après des années d’absence récupérer sa petite sœur Cora
avec qui il a toujours eu un lien fusionnel.
Au fil des jours on découvrira que pendant son absence
Tucker est devenu un activiste aux méthodes violentes. Convaincu que la tornade
lui a ouvert les yeux sur l’espèce humaine, il a décidé de se révolter contre
la domestication de la nature et la maltraitance animale et d’enseigner ses
réflexions, son savoir et ses méthodes à sa sœur.
~
« Il y a une raison à tout ce qui arrive, déclara Cora. Les
animaux perdent leur maison et leur famille tout le temps. Les êtres humains apparaissent
et leur prennent tout. C’est ça, l’extinction de masse. Et c’est ce qui s’est
passé pour nous aussi. La tornade nous a tout pris. Tu vois ? On l’a vécu,
Darlene. Maintenant, on sait. »
~
➤ Un thriller
psychologique, parfois difficile à lire
Ces termes sont indispensables pour parler du roman. Dans
les premiers chapitres, nous découvrons cette famille brisée à travers les yeux
de Darlene. Mais très vite, nous suivons le point de vue de Cora pendant son
escapade avec Tucker.
J’ai trouvé qu’il y avait des passages difficiles à lire,
certains m’ont mis mal à l’aise parce que le comportement de Tucker est
complètement malsain. Il manipule clairement Cora pour lui imposer sa
vision des choses et la convaincre qu’il a raison. Quand il se rend compte que
sa sœur a des doutes, il va jusqu'à inventer des histoires, enjoliver certaines
situations, les transformer en héros pour justifier ses actes. Il va même aller
jusqu’à essayer de la transformer en petit garçon pour éviter qu’on puisse la
reconnaitre, allant jusqu’à changer son prénom en Corey. Une technique de
manipulation psychologique afin de soumettre sa sœur à sa volonté et sa vision
qui m’a horrifié…
Et nous, lecteur, nous suivons doucement la décente aux
enfers de Cora, une petite fille de neuf ans qui rêvait seulement d’une vie normale
et d’être aimée.
~
« Cela faisait des années que je rêvais de connaître la sécurité que d’autres enfants semblaient avoir avec leurs parents. On s’occupait d'eux comme de fleurs dans un jardin, on les arrosait, les désherbait et les protégeait des intempéries. J’avais rêvé de cette sécurité toute ma vie et je ne l’avais jamais connue. Les autres enfants m’apparaissaient comme en apesanteur. Ils n’avaient pas à porter eux-mêmes le fardeau de leur existence. »
➤ Un plume talentueuse
Je ne sais pas dire si j’ai aimé ou non ce livre. En revanche,
j’ai trouvé la plume de l’autrice addictive. Pourtant il y a beaucoup de
description et en général je ne suis pas très fan mais même s’il y a quelques
fois des longueurs, j’ai été tellement prise par l’histoire et je voulais
tellement connaître la fin que j’enchaînais les pages.
J’apprécie aussi que l’autrice n’ait pas une vision tranchée
sur la question du traitement des animaux. Tucker met en avant des sujets
tabous ; les conditions de vie dans les élevages de masse des animaux, l’évolution
de leur comportement au fil des années avec la domestication de l’homme, le
bienfondé ou non des zoos etc. En même temps, le fait que Tucker soit un militant
violent qui n’est absolument pas ouvert au débat est une voie ouverte pour que
le lecteur puisse tirer lui-même des conclusions.
En somme une histoire haletante empreinte de réalisme qui m’a fait passer par une palette d’émotion, des personnages attachants, une plume fluide, captivante et souvent poétique, un roman à découvrir !
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