lundi 28 octobre 2019

L'insoutenable légèreté de l'Être - Milan Kundera


Bonjour à tous !
Je publie enfin aujourd’hui ma chronique de L’insoutenable légèreté de l’Être de Kundera, qui aurait dû être en ligne sur le blog il y a déjà une semaine xD J’ai décalé la publication parce que j’avais énormément de choses à dire sur ce livre, mais j’y reviendrai par la suite ! J’ai lu ce roman dans le cadre d’un dossier que je dois faire dans un cours de Philosophie de l’Art, comme je l’explique plus bas ; un rapport très « utilitaire » donc à cette lecture, mais qui a quand même su me toucher en tant que lectrice !

Je commence cette chronique par un petit avertissement : ce roman, je pense, ne peut pas être lu très facilement. Je ne pense pas qu’on puisse le lire nonchalamment avant de s’endormir, pour se détendre ; et je ne pense pas non plus qu’il ait été écrit dans ce but. Kundera a écrit une œuvre très politique qui porte à réflexion ; et son univers également jalonné d’un grand nombre de référence culturelles assez pointues, qui peuvent rendre l’immersion fastidieuse si on ne les partage pas. Le roman s’ouvre d’ailleurs sur des réflexions nietzschéennes qui, même si elles sont assez claires et pas très longues, peuvent facilement décourager…

A propos du fond politique, Kundera écrit sur le communisme en Tchécoslovaquie, et c’est pour cela que je voulais lire ce roman puisque je travaille sur le rapport entre kitsch et propagande, qui est un point culminant de ce roman ! Je vais faire un point rapide sur ce que j’entends par là.
A propos du kitsch, les théoriciens ont tous leur définition à eux, mais globalement les éléments qui reviennent c'est:
- Un contexte d'élévation sociale: l'apparition de "nouveaux bourgeois" qui n'ont pas du tout grandi dans un milieu riche et cultivé, mais qui veulent entrer dans ce milieu, et qui du coup ont un rapport à l'art très utilitaire. Il s'agit par exemple d'accrocher des tableaux chez soi pour "faire comme les riches", même si on ne s'intéresse pas du tout à l'art.
- Un contexte économique de production de masse: les nouveaux moyens techniques permettent de produire des objets à la chaîne (qui sont donc tous industrialisés, tous les mêmes, il n'y a plus d'objet unique et authentique). Et le but est de rentabiliser en faisant en sorte de plaire au plus grand nombre, il n'y a plus de recherche d'originalité, au contraire il faut créer de la beauté "consensuelle", voire tape-à-l'oeil, pour faire acheter. Le but aussi est de faire des prix bas pour que tout le monde puisse en acheter, quitte à ce que ça fasse un peu "toc", que ce soit de mauvaise qualité.
On se retrouve donc avec d'un côté des producteurs qui ne s'intéressent pas du tout à l'art mais seulement à la rentabilité, et de l'autre des acheteurs qui ne s'intéressent pas du tout à l'art mais seulement au fait d'épater les voisins. L'art, là-dedans, est toujours utilisé comme un moyen d'arriver à autre chose. C'est de là qu'est né "l'art kitsch"! Mais du coup on retrouve dans le kitsch un côté très régressif et apaisant: ça répond à un besoin d'achat compulsif, il y a un côté tampon émotionnel, les couleurs et les formes sont plaisantes, ça ne porte pas à réflexion... Et je voulais justement travailler cette année sur le rapport politique qu'il existe entre kitsch et propagande, comment un Etat peut se servir d'un certain art (le kitsch) pour "endormir" la population, voire pour faire passer des messages subliminaux! Et Kundera aborde cette thématique de manière très précise dans L’insoutenable légèreté de l’Être, avec plusieurs chapitres sur le sujet, concernant l’utilisation du kitsch dans le communisme soviétique, ce que j’ai trouvé très intéressant !

En dehors de ce cadre politique, il y a aussi une grande réflexion psychologique dans ce roman. L’idée de Kundera est que nous n'entrons qu'une fois en scène, sans répétition, sans deuxième chance. Alors pourquoi ne pas choisir d'être léger, d'éviter la pesanteur, les fardeaux, puisque nous n'avons qu'une vie à jouer ? Tomas et Sabina symbolisent la légèreté de l'Être, là où Franz et Teresa symbolisent la pesanteur. Chaque personnage évoluent en démontrant l'ambiguïté de la légèreté et de la pesanteur. Laquelle des deux est un fardeau ? Laquelle représente l'idéal d'une vie ?
Je ne m’attarde pas davantage sur ce thème puisque, comme je vous l’ai dit, j’ai lu ce livre avec le prisme de mon travail sur le kitsch et la politique, je me suis donc peu intéressée aux autres aspects. Il y aurait beaucoup à dire sur le style de Kundera aussi je pense, c’était très beau à lire !

Un ouvrage complexe donc, qui proposent de multiples réflexions et dont de multiples lectures sont possibles. A lire au moins une fois !

9/10
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