Bonjour à tous !
Je publie enfin aujourd’hui ma chronique de L’insoutenable légèreté de l’Être de
Kundera, qui aurait dû être en ligne sur le blog il y a déjà une semaine xD J’ai
décalé la publication parce que j’avais énormément de choses à dire sur ce
livre, mais j’y reviendrai par la suite ! J’ai lu ce roman dans le cadre d’un
dossier que je dois faire dans un cours de Philosophie de l’Art, comme je l’explique
plus bas ; un rapport très « utilitaire » donc à cette lecture,
mais qui a quand même su me toucher en tant que lectrice !
Je commence cette chronique par un petit avertissement :
ce roman, je pense, ne peut pas être lu très facilement. Je ne pense pas qu’on
puisse le lire nonchalamment avant de s’endormir, pour se détendre ; et je
ne pense pas non plus qu’il ait été écrit dans ce but. Kundera a écrit une œuvre
très politique qui porte à réflexion ; et son univers également jalonné d’un
grand nombre de référence culturelles assez pointues, qui peuvent rendre l’immersion
fastidieuse si on ne les partage pas. Le roman s’ouvre d’ailleurs sur des
réflexions nietzschéennes qui, même si elles sont assez claires et pas très
longues, peuvent facilement décourager…
A propos du fond politique, Kundera écrit sur le communisme
en Tchécoslovaquie, et c’est pour cela que je voulais lire ce roman puisque je
travaille sur le rapport entre kitsch et propagande, qui est un point culminant
de ce roman ! Je vais faire un point rapide sur ce que j’entends par là.
A propos du kitsch, les théoriciens ont tous leur définition
à eux, mais globalement les éléments qui reviennent c'est:
- Un contexte d'élévation sociale: l'apparition de
"nouveaux bourgeois" qui n'ont pas du tout grandi dans un milieu
riche et cultivé, mais qui veulent entrer dans ce milieu, et qui du coup ont un
rapport à l'art très utilitaire. Il s'agit par exemple d'accrocher des tableaux
chez soi pour "faire comme les riches", même si on ne s'intéresse pas
du tout à l'art.
- Un contexte économique de production de masse: les
nouveaux moyens techniques permettent de produire des objets à la chaîne (qui
sont donc tous industrialisés, tous les mêmes, il n'y a plus d'objet unique et
authentique). Et le but est de rentabiliser en faisant en sorte de plaire au
plus grand nombre, il n'y a plus de recherche d'originalité, au contraire il
faut créer de la beauté "consensuelle", voire tape-à-l'oeil, pour
faire acheter. Le but aussi est de faire des prix bas pour que tout le monde
puisse en acheter, quitte à ce que ça fasse un peu "toc", que ce soit
de mauvaise qualité.
On se retrouve donc avec d'un côté des producteurs qui ne
s'intéressent pas du tout à l'art mais seulement à la rentabilité, et de
l'autre des acheteurs qui ne s'intéressent pas du tout à l'art mais seulement au
fait d'épater les voisins. L'art, là-dedans, est toujours utilisé comme un
moyen d'arriver à autre chose. C'est de là qu'est né "l'art kitsch"! Mais
du coup on retrouve dans le kitsch un côté très régressif et apaisant: ça
répond à un besoin d'achat compulsif, il y a un côté tampon émotionnel, les
couleurs et les formes sont plaisantes, ça ne porte pas à réflexion... Et je
voulais justement travailler cette année sur le rapport politique qu'il existe
entre kitsch et propagande, comment un Etat peut se servir d'un certain art (le
kitsch) pour "endormir" la population, voire pour faire passer des
messages subliminaux! Et Kundera aborde cette thématique de manière très
précise dans L’insoutenable légèreté de l’Être,
avec plusieurs chapitres sur le sujet, concernant l’utilisation du kitsch dans
le communisme soviétique, ce que j’ai trouvé très intéressant !
En dehors de ce cadre politique, il y a aussi une grande
réflexion psychologique dans ce roman. L’idée de Kundera est que nous n'entrons
qu'une fois en scène, sans répétition, sans deuxième chance. Alors pourquoi ne
pas choisir d'être léger, d'éviter la pesanteur, les fardeaux, puisque nous
n'avons qu'une vie à jouer ? Tomas et Sabina symbolisent la légèreté de
l'Être, là où Franz et Teresa symbolisent la pesanteur. Chaque personnage évoluent
en démontrant l'ambiguïté de la légèreté et de la pesanteur. Laquelle des deux
est un fardeau ? Laquelle représente l'idéal d'une vie ?
Je ne m’attarde pas davantage sur ce thème puisque, comme je
vous l’ai dit, j’ai lu ce livre avec le prisme de mon travail sur le kitsch et
la politique, je me suis donc peu intéressée aux autres aspects. Il y aurait
beaucoup à dire sur le style de Kundera aussi je pense, c’était très beau à
lire !
Un ouvrage complexe donc, qui proposent de multiples
réflexions et dont de multiples lectures sont possibles. A lire au moins une
fois !
9/10
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